Définition : une nouvelle Éclair est un texte de 600 à 1 000 signes.
Elle présente une histoire avec un héros, un problème menant vers une issue… un câlin sur le dos du chat est aussi recevable qu’un Superman dans les airs. Il s'agit d'un récit complet, pas un épisode de feuilleton. Nous écartons les avis, opinions ou "grandes idées" absolues et définitives.
Ces conditions respectées, liberté de thème, de genre, d'ambiance, de style...

Nouvelle eclair 2

Mode d'emploi : seuls les abonnés à la lettre d'information sont autorisés à présenter une nouvelle Éclair. Les auteurs publiés sont invités à mentionner leur dernier recueil, même en auto-édition ; la rubrique est aussi une vitrine.
Jusqu'en mars 2024, les nouvelles Éclair avaient pour nom les nouvellettes ; elles n'étaient accessibles qu'aux abonnés à la lettre d'info. Depuis mai 2024, elles sont présentes pendant une semaine (durée relative) en première page du site et visibles par tous les visiteurs, la présente page recense les textes, du plus récent au plus ancien.
La signature est celle fournie par le correspondant, qui se déclare auteur du texte et reste propriétaire de tous les droits.

Jean-Pierre Bougier : Garnier 78 - Rencontre

Joëlle Caujolle : Un amour de vacances - Le bac - Le chemin de l'eau

Mathilde Grange : Obscurité - Bienvenue

Jocelyn Héritier : Essaie donc le sourire

Livia Léri : Un crime cannibale ?

Patrick Lorenz : Tant va la cruche à l'eau...

Isabelle Marc : L'air marin

Josette Masson : La douceur de nos lèvres - La "podouchka"

Lola Pervenche : Mille

Michèle Peyrat : Inde - Un profil

Claudine Souques : Antoine

Mily Wonder : Emma

Emma

Mily Wonder

Être auprès des siens la tue à petit feu. Ils ne comprennent toujours pas qu’elle ne peut plus se permettre d’être comme avant. Elle est jeune, mais son corps malade lui donne les maux d’une femme du troisième âge. Elle dort peu, se tord de douleur et la seule chose qu’elle entend de ses proches, c'est une série de reproches : tu bois trop de médicaments, tu ne saisis pas d’opportunités, tu es têtue, tu es trop mince… Emma se meurt, mais personne ne le remarque, personne ne l’écoute. Elle se rappelle ce que lui a dit le médecin : « chaque effort te rapproche de la tombe. Arrête de travailler et repose-toi d’avantage. Ton traitement ne te permet pas de rêver être un jour mère ». Emma a parlé de son mal à ses proches sans leur dire que son futur est incertain. Elle les aime, mais ils ont des mots qui la blessent. Elle décide alors de voyager, de s’en aller où il fait beau vivre, pour faire son deuil d’une vie trop courte et d’un enfant qu’elle n’aura jamais.

 

L’air marin

Isabelle Marc

Lorsqu’elle vivait à Paris, Gwen jouait sur sa celtitude : elle adorait se vêtir de marinières ou de vareuses bretonnes. C’était une fanatique des rayures, bleues sur blanc ou multicolores. Sa casquette de marin vissée sur la tête la quittait rarement. Ciré jaune par temps de pluie, caban pour braver les frimas de l’hiver. Elle descendait ainsi fièrement la Seine sur les bateaux-mouches.
Maintenant qu’elle est revenue aux sources, à Bénodet, elle se sent comme les Dupont et Dupond dans Tintin, déguisée en petit marin. On la trouve ridicule, elle ne passe pas inaperçue. Tout le monde la regarde comme une parisienne. Alors, elle s’habille de façon plus passe-partout. Elle ne sait toujours pas naviguer, mais elle participe aux croisières sur l’Odet à bord des vedettes et son âme bretonne vogue sur les flots de “la plus belle rivière de France”, selon la citation attribuée à tort à Émile Zola.

Autrice de la novella Le Bastion aux éditions Vivlio Studio

 

Bienvenue !

Mathilde Grange<

Les jeunes colocataires réunis autour d’un barbecue avaient tout de suite repéré le camion de déménagement garé dans l’impasse qui menait à leurs deux maisons mitoyennes. Ils avaient aidé les nouveaux arrivants à sortir leurs affaires, trop heureux de voir enfin de nouvelles têtes. Le repas avait spontanément été partagé et tous pressentaient le début d’une amitié. À la nuit, chacun avait rejoint son lit, l’esprit empli des promesses de cette belle journée.
Lorsque le confinement fut enfin levé, les pompiers trouvèrent deux maisons vides et quelques traces de sang.

Un crime cannibale ?

Livia Léri

Sur le tarmac de l’aérodrome de Nuku Hiva, le procureur de la République attend le maire du chef-lieu Taiohae ; il vient identifier les dents retrouvées sur le bûcher encore fumant. Dans la montagne, le chasseur marquisien en cavale attend d’être localisé. Les cochons sauvages attendent le chasseur, qui pour le moment ne chasse plus. Dans la vallée d’Hakaui, les membres découpés de l’Allemand attendent d’être totalement consumés. Sur son voilier au mouillage, la jeune veuve de l’Allemand attend que le chasseur se rende. Elle n’attendra plus jamais son mari ; elle attendra d’être vengée. Derrière son étal, la marchande de mangues attend le flash info de Radio Marquises ; tous attendent d’en savoir plus. Les rares touristes attendent de pouvoir sortir de leurs pensions de famille, impatients de reprendre leur programme de visites. Les journalistes attendent une réponse à leur question : "Un crime cannibale ?"

Rencontre

Jean-Pierre Bouguier

Sous l’immense flamboyant se tient un petit singe, le dos calé sur le tronc du grand arbre. Il épluche des fruits sucés avec délice. De temps à autre, son regard se lève vers la frondaison comme s’il guettait l’ouverture des boutons de fleurs, promesse d’incendie de couleurs.
Soudain le petit singe me voit. Il se dépêche vers moi, s’arrête à deux mètres et me tend ses deux poings fermés, sans doute pour deviner ce qu’ils enferment. Le singe ouvre la main que je désigne et me fait voir que j’ai gagné… des coques de pistaches vides ! L’animal trépigne de joie, la farce est réussie ! Mais comme il me sent triste, il s’approche, prend délicatement ma main et me tire doucement vers le tronc de l’arbre, sans doute afin de m’offrir l’heureux réconfort d’un fruit tranquillement partagé.
Je me laisse faire, je marche à côté de mon petit cousin, du même pas. Ma main d’homme savoure la petite main calleuse qui a pris la mienne, comment ne pas me sentir au plus proche de ce parent attentif.

Un amour de vacances

Joëlle Caujolle

Lundi : Elle m’a embarqué d’un geste nonchalant. Depuis, c’est le black-out, balancé, chaloupé jusqu’à la nausée.
Mardi : Elle m’a jeté contre le tube de crème solaire et je me suis réceptionné sur le bord du chapeau de paille. Au loin, le bruit des vagues, un couple qui se susurre des mots doux.
Elle me tord, soupire et bâille, me coince un ticket de métro dans le dos.
Mercredi : Elle me lisse la tête puis me dévore des yeux jusqu’à ce qu’Il s’exaspère. – Lâche ton truc, on va se baigner. Moi, un truc ? Je les maudis, j’étais si bien, rangé avec les autres.
Jeudi : Des invités bruyants. L’un d’eux, penché sur moi, murmure : Un amour de vacances. Je passe de mains en mains, des moites, des qui me serrent à m’étouffer, des qui me triturent en dedans.
Vendredi : Elle ne me lâche pas, car il pleut. Elle m’écorne toutes les deux minutes et les grains de sable m’irritent les feuillets.
Samedi : Elle dit : – J’ai fini.

Lui : Il était bien ?
Elle : Pas mal pour un roman de gare !

Mille

Lola Pervenche

Tu te poses mille et une questions et tu attends de moi mille et une réponses. Malheureusement, je n’ai pas toutes les réponses, loin s’en faut.
Alors, tu vas les chercher par toi-même, au risque parfois de te mettre en danger. Le monde est plein d’incertitudes et il est compliqué de se faire une idée globale de toute cette complexité.
Il faut quelquefois mettre de côté ses interrogations pour mieux y revenir plus tard, et enfin comprendre le pourquoi du comment. Je sais que tu y arriveras un jour et alors, tu sauras que de tes mille et une questions légitimes, certaines resteront à jamais sans réponse.

Inde

Michèle Peyrat

Je suis dans un hôtel à Mumbai. Mon voyage en Inde est terminé. Ce soir, je retourne en Europe. Je prends l’ascenseur pour le dernier étage. J’attendrai l’heure de mon vol, au bar de la terrasse. Aucun client, ni serveur. Je veux redescendre. L’ascenseur ne démarre pas.
J’aperçois un couloir, menant à un autre ascenseur. L’étage de ma chambre n’y figure pas. J’ai l’impression d’être coincée dans une espèce de faille temporelle.
J’en ressors et retourne m’asseoir au bar. Toujours personne. Je passe les dernières heures avant mon départ pour l’aéroport, seule, dans le pays qui vient de franchir la barrière le propulsant au rang du pays le plus peuplé de la planète. La nuit commence à tomber.
Soudain, un groom vêtu d’un costume traditionnel, apparaît. Il semble sortir d’un livre de contes. Je lui montre la clé de ma chambre. Avec lui, l’ascenseur redémarre. Il se charge de mes bagages. Je monte dans un taxi et retrouve la foule indienne pour la dernière fois de mon séjour.

Obscurité

Mathilde Grange

La galerie s’est enfoncée sous terre et, par moment, il a fallu ramper. L’avancée a pris plusieurs heures aux spéléologues amateurs. Lorsqu’ils ont allumé toutes les torches, une caverne de plusieurs dizaines de mètres est apparue. Sur les parois, dans la lumière vacillante, brillent un cheval, un ours, une chouette, des empreintes de mains d’enfants tracées à l’argile rouge, de véritables merveilles. Leurs rêves de gloire ont pris forme et sont devenus réalité sur ces murs de pierre. Ils sont heureux.
Soudain, un bruit profond et puissant retentit. Le sol sous leurs pieds se dérobe. Puis, de nouveau, le noir et le silence.

Garnier 78

Jean-Pierre Bouguier

En ce temps-là, elle est jeune et belle, tout comme moi ! Son auto jaune glisse au long d’un canyon d’immeubles semblables, sans nul arbre, barré par le vrai-faux palais des opéras. Après les étourdissements de l’escalier de parade, bousculades sur des marches bien étroites, enfin s’ouvre une loge, toute petite, de côté. On est six, nous deux tout au fond ; nos têtes toutes proches frôlent le plafond : Si tu veux voir, il faudra te pencher.
Je m’incline donc, j’aperçois des dorures, un tiers de l’orchestre, la fosse comme on dit. Le chef arrive. Une main presse mon bras, l’amie semble me pousser, m’inciter à me courber encore. Dès les premiers accords, je suis fasciné par la puissance des cuivres, brillants, magnétiques et cachés.
Voir afin de mieux entendre… À force de me coucher, mes pieds se dérobent, mon corps survole les têtes empommadées… Le cri de ma chute introduit de la dissonance dans un chorus des cuivres, je file tout droit dans l’âme dressée d’un tuba rutilant.

La douceur de nos lèvres

Josette Masson

Était-ce la chaleur du printemps qui pénétrait la grange ouverte vers le sud ? Était-ce la complicité innocente des amis ? Les graminées, le trèfle, amoncelés, foin séché, édredon moelleux fleurant bon la nature ? La chaîne des Pyrénées alanguie sous la neige, silencieuse et belle ?
Allongés côte à côte, au plus haut, juste sous le toit, ce point de vue sublime soumis à nos sens valait un long silence, un long baiser, bouche et yeux clos pour sceller ce moment.
Qui pouvait comprendre le sentiment pur de nos quinze ans ?
Dans mon journal, j’écrivis mon trouble certainement mieux qu’en ce moment. Mais une mère indiscrète mit fin à la magie et au carnet qui resta définitivement fermé.
C’était lundi de Pâques. Il faisait meilleur temps qu’aujourd’hui pour parcourir à bicyclette, sacoches garnies, chemisier blanc et pantalon léger, la campagne en émoi.
Dans la poêle, les œufs battus de l’omelette dorée ; sur le pain frais, le pâté maison ; la croustade et la limonade.

Tant va la cruche à l’eau…

Patrice Lorenz

— J’amène de quoi boire, leur avait dit l’artiste.
Et il avait modelé dans son atelier un petit chef-d’œuvre, un modèle de simplicité et de grâce, en un mot une cruche.
Quelques jours plus tard, après l’avoir cuite, il la leur offrit et précisa, en riant, qu’il leur avait apporté de quoi boire.
Mais ces gens n’étaient pas vraiment des artistes, et, bien que s’extasiant devant la beauté de l’objet, la première chose qu’ils firent fut de la mettre au lave-vaisselle.
Puis la cruche passa au lave-vaisselle maintes et maintes fois.
De temps en temps, on la remplissait d’eau pour la mettre sur la table, mais elle ne s’y sentait pas considérée à sa juste valeur, loin de là.
Un jour, après un séjour plus long que d’habitude au lave-vaisselle, notre cruche, ayant été posée sur le bord de la table, déclara : C’en est trop, j’me casse !
Puis, joignant le geste à la parole, elle fit un pas en avant.
Moralité : Tant va la cruche à l’eau… qu’à la fin, elle se casse.

Le bac

Joëlle Caujolle

Il a proposé à son ami de sécher le lycée pour aller à la cascade, mais il préférait réviser en classe.
Après le self, il a couru jusqu’à la forêt, s’est allongé sur l’herbe, a fermé les yeux pour se concentrer sur le bruit assourdissant de l’eau. Il pouvait entendre l’orage de milliers de gouttes et les pépiements d’oiseaux. La chaleur sur sa peau était un bonheur après l’enfermement du lycée.
L’eau de la cascade à présent crépitait sur son corps et emportait ses craintes de ne pas savoir, les rabâchages des théorèmes et des verbes irréguliers.
Quel bonheur que ce gars sous la cascade, ce soit moi ! songea-t-il. Les professeurs n’avaient cessé de rabâcher que cela ne servait à rien de réviser au dernier moment, et le bac, c'était bien dans une semaine.
Il fit quelques brasses dans le bassin que l’on nomme aussi bac, le soleil passait à travers le feuillage et il se sentait heureux d’avoir conquis seul, cet espace de liberté. Le bac, il l’aurait.

Un profil

Michèle Peyrat

C’est décidé, elle le quitte. Des mois qu’elle y songe. Leur amour s’est éloigné. Ils n’en finissent plus de se déchirer. Elle pense s’inscrire sur un site de rencontres, mais elle ne les a jamais fréquentés. Elle ne sait comment s’y prendre. Elle s’adresse à une amie qui lui ébauche un profil. À coup sûr, il lui fera débusquer l’amoureux idéal. Elle lui fait confiance. Sa seule exigence, rencontrer un Japonais. Son amie s’étonne. Pourquoi un Japonais ? Se serait-elle convertie au Shintoïsme ? Ses dégustations quotidiennes d’eau chaude aromatisée au citron la poussent-elles à choisir un homme qui lui organisera de somptueuses cérémonies du thé ?
Elle hésite à expliquer à son amie qu’elle souhaite désormais vivre aux côtés d’un homme qui, une fois rentré, à la maison, enlèvera ses chaussures, Trente ans qu’elle aspire les crasses tombées de ses godasses. Trente ans qu’il néglige d’enfiler les jolies pantoufles qu’elle lui offre pourtant chaque hiver.

Essaie donc le sourire

Jocelyn Héritier

Lisa se morfondait. Tandis que la fête battait son plein, elle restait désespérément seule. Elle était assise sur un banc en retrait, le dos voûté, recroquevillée sur elle-même. Un rictus boudeur affadissait son visage, ce visage qu’elle ne supportait plus, qu’elle ne pouvait plus voir en peinture. Sa grande sœur Mona elle, si belle, amusait la galerie et était le centre de toutes les attentions. Toujours enjouée, bienveillante, elle attirait les regards et la sympathie. Comme une araignée charmeuse au centre de sa toile, elle faisait venir à elle toutes ses proies consentantes. Léonardo, de loin, observait tout ce beau monde avec détachement, de son œil expert et avisé. Il avait remarqué le désarroi de la cadette, et la rivalité jalouse qui se lisait dans son regard. Il s’approcha d’elle en catimini et lui dit : Tu devrais prendre exemple sur ta sœur. L’attitude est le pinceau de l’esprit, elle colore toutes les situations. Alors, essaie donc le sourire.

La "podouchka"

Josette Masson

Ce fut la seule fois, l’unique nuit, mais quel bonheur ! Ce souvenir demeure aussi fort que si cette nuit était celle d’hier.
Nous n’avons même pas vu le jour tomber. Pourtant, nous avons dû manger, bavarder, aider à ranger, enfiler nos pyjamas. Nous avons même monté l’escalier pour aller dans la chambre.
Mais, lorsque sous le gros édredon rouge carmin qui faisait un énorme dos rond sur le lit, la tête de Mémée, les cheveux enrobés d’un filet, dépassait, comme une tête de tortue, souriante, pommettes hautes, yeux attendris, attendant ses petits-enfants, notre joie était à son apogée.
Chacun d’un côté de Grand-mère, on ne se voyait pas, on riait de rien, on avait chaud, on était bien auprès de son grand corps. Elle riait et le lit aussi, ondoyant sous nos sursauts. Alors, les rires redoublaient. À bout de souffle, nous écoutions enfin la chanson douce de Mémée, que je chanterai un jour à mon tour.

Le chemin de l'eau

Joëlle Caujolle

Caché sous un pot de pétunias, par trente degrés, je me concentre sur la fabrication d’un opercule parfait, un peu de mucus par ci et par là.
À l’école des gastéropodes, je réussissais toutes les épreuves : dessin de bave sur mur de béton, tracé de chemin en un trait coulant, élaboration d’une crotte circulaire décorative. J’excellais dans l’impression de flèches avec mon pied ventral, pour indiquer : cette route de la bave n’est pas une galère.
À présent operculé, commence mon voyage chimérique gastéropodien. Je me détends, respire, glisse sur une feuille de salade fraîche, mes tentacules oculaires et tactiles vibrent de joie en s’imaginant ramper sur le canapé de velours d’une rhubarbe.
Je rêve que mon amie Jessica me rejoint sous le pot de fleurs. Bientôt, nous déchirerons les portes blanches et partirons d’un pied léger sur le chemin de l’eau, nous passerons sous la barrière pour atteindre le robinet qui fuit, loin au bout de la pelouse. Le paradis.

Antoine

Claudine Souques

Allait-il y aller aujourd’hui ou pas ?
Non, il attendrait demain ; pour l’instant, il voulait naviguer sur l’étang, avec ses gants et ses bottes en cuir. Ces habits le rassuraient. Il monta dans la barque bleue, celle qu’elle préférait et avec laquelle ils avaient fait tant de balades.
Il devait se retrouver au calme, filer sur l’eau sans bruit, écouter le vent siffler dans les arbres, sentir l’odeur de l’eau, entendre les canards s’envoler, voir les gouttelettes d’eau briller le long des avirons.
Demain, comment lui dire ?
Le trait bleu de la barque glissa sur l’eau, longtemps.
Le lendemain, il frappa à sa porte.
Il portait ses gants et ses bottes. Il avança d’un pas sur le perron, sourit quand il la vit, mais ne dit rien.
Elle lui sourit aussi, ferma la porte et partit avec lui.