Les premières lignes de la nouvelle publiée par la Piterne dans la collection Temps passé plongent le lecteur dans l’enjeu central du récit. Mais Paul Dys ne livre pas un guide touristique, version 1888, il entraîne dans l’esprit du lieu, son mystère, son étrangeté.
Tout commence par un bateau raté de peu : que faire à Fort William en attendant le soir, sinon y périr d’ennui ? Trois rues sans caractère, brûlées du soleil et bordées de maisons mal bâties et malpropres. Les deux cousins restés à quai embarquent dans un attelage, composé d’un poney ridiculement petit, plus fringant que gros, maintenu à grand peine par un Highlander échassier. On imagine déjà que le périple ne sera pas de tout repos… et il ne le fut pas.
Inconfort, haies de feuillus, bois de touffus, champs d’avoine à perte de vue, les décors se succèdent avec une once de poésie et trois de cahots. C’est peut-être très joli, un champ d’avoine, quand le vent du matin agite en houle blonde tous ces épis fous ; mais il ne faut pas que cela dure trop longtemps. Au bout du premier quart d’heure, je trouvais ce blond jaune ; au bout du second, il me faisait des ronds sur l’estomac. C’est alors que je m’aperçus que mon cousin dormait. Le narrateur ne trouve pas franchement l’ambiance bucolique !
Et l’histoire n’est qu’à mi-chemin, le cousin accepte l’invitation à visiter une fabrique de whisky fumé. Je ne voulus pas les suivre et demeurai seul, béatement étendu dans l’herbe au bord de la petite rivière qui emporte vers le lac l’eau du glacier du Nevis. Qui des deux cousins fera la meilleure rencontre ?