Les lots n°119 à 123 sont écrits de la main du pensionnaire du Croisset, Gustave Flaubert. Dans un travail préparatif à la troisième version de la Tentation de Saint-Antoine, le manuscrit témoigne de la manière dont Flaubert mélange érudition et invention, passion documentaire et stylistique. Il se présente comme une liste de renseignements biographiques et théoriques sur la doctrine et les martyres des premiers chrétiens et des hérétiques des premiers siècles de l’ère chrétienne.
Dans une lettre à son ami Edmond Laporte, il aborde la rédaction de Bouvard et Pécuchet : Je demande illico la description de la salle à manger d’un curé ! – celui de Gd Couronne, par exemple ? Y a-t-il un crucifix, une image pieuse, le buste du S. Père ? Vous devez connaître ça, vous homme évangélique… Et il signe "Votre vieux féroce Le vieillard de Cro-magnon".
Les lots n° 147 à 150 sont composés de lettres de Guy de Maupassant, exemple toujours cité dès qu’on parle de formats courts. Le premier présente un poème de jeunesse, intitulé Promenade à 16 ans, comprenant 28 vers ; le suivant est une très belle et longue lettre amicale et pornographique, illustrée de dessins à la plume, dont un portrait de Flaubert, le contenu très libertin, voire licencieux a attiré l’attention et semble avoir provoqué un retrait de la vente ; le n°149 est une lettre de 4 pages à sa mère, Laure de Maupassant résidant à Étretat ; il y parle de son drame historique en vers La Trahison de la comtesse de Rhune (la pièce est restée dans les cartons de l’auteur), l’intervention inutile de Flaubert pour la faire jouer : il ne sait pas si c’est un avantage que la pièce ait été présentée par Flaubert, et la préparation de son roman Une vie : Je travaille ferme à mon roman et j’espère que j’en aurai un bon bout de fait avant l’été (…) je finirai toujours certainement pour le jour de l’an prochain.
Ce lot nous consolera bien des auteurs : le grand maître souffrait aussi de procrastination, surtout estivale !
Enfin, dans la dernière lettre de 3 pages à une correspondante anonyme, Maupassant parle de Boule de Suif et livre une opinion sur son écriture : En littérature, je n’ai point de pudeurs. Quand un mot, quel qu’il soit, me semble bien exprimer une chose, en donner la juste image, je le prends sans hésiter et sur l’héroïne de la nouvelle : Ma pauvre fille est un paquet de graisse, une pelote de lard, charmante par sa fraîcheur mais ridicule par sa grosseur..
Lien : Vente du 22 février, par la maison Aguttes
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