Risibles amours : le recueil suprême de Kundera

Le 21/07/2023 0

Milan Kundera est célèbre pour ses romans ; pourtant le recueil Risibles amours est évoqué comme le point de départ de son œuvre romanesque.

Décédé le 11 juillet, Milan Kundera a produit des pièces de théâtre, des essais et des articles de presse, auxquels se joignent des romans, les uns dans sa langue maternelle tchèque, d’autres dans sa langue d’adoption : le français. Au milieu de cette écriture, se glisse un recueil Risibles amours, réunissant sept nouvelles écrites entre 1959 et 1968 ; l’ouvrage publié en France en 1970, vit la traduction revue par l’auteur lui-même en 1986.

Les thèmes des sept nouvelles de Risibles amours sont ceux que Milan Kundera explorera dans toute son œuvre : l’amour, la fidélité, l’identité, l’être et le paraître.
Aborder l’auteur par ce recueil est donc pour le lecteur qui ne le connaît pas une porte d’entrée indispensable afin d’en apprécier la connivence avec sa propre sensibilité.
Deux points retiennent l’attention et peuvent gêner la prise en main. Le premier aspect est l’excès de parenthèses, Kundera en a sans doute conscience, car il le souligne lui-même : Les précédentes parenthèses sont destinées à mettre en lumière la lenteur de Fleischman, écrit-il dans Le colloque, où une phrase comprend 5 de ces paires de signes, une par verbe ! Le second élément surprenant est la façon de jalonner les récits par des inter-titres au cœur des nouvelles.
Une fois ces surprises devenues familières, il reste le fond des histoires.
Comment un imbroglio de bassesses, de mensonges et d’idées toutes faites conduit le héros de Personne ne va rire à une situation ubuesque. Au fil des histoires, le lecteur suit un dragueur invétéré en face décadente, un étrange jeu opposant le sexe et les sentiments, les corps et les cœurs, un long débat à propos des femmes et des hommes, de l’amour et de la mort, du suicide par sentimentalité.
Chaque nouvelle change d’ambiance, de milieu, d’angle de vue. Souvent les personnages jouent des rôles décalés par rapport à leur personnalité véritable, les apparences trichent, les propos mentent, les regards fuient (et réciproquement). Kundera n’arrose pas les plates-bandes à l’eau de rose, il observe, scrute et diagnostique, sa plume gratte dans les plaies des gens sincères en privé et menteurs dès qu’ils sont mis en société.

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