Irène Némirovsky, née à Kiev (Ukraine) le 11 février 1903 suit sa famille en France. Autrice à succès dans les années 30 puis oubliée après la Seconde Guerre mondiale, elle est le seul écrivain qui reçut le prix Renaudot à titre posthume pour son roman inachevé Suite française.
Lorsque ses parents fuient la Révolution russe et s’installent à Paris, Irène Némirovsky mène une vie mondaine et insouciante, avant d’épouser Michel Epstein. Sa vocation d’autrice s’affirme : après le succès de David Golder en 1929, elle ne cesse plus d’écrire. Elle tarde à se rendre compte que son amour pour la France et sa place dans le paysage littéraire ne la préserveront pas des lois antijuives du régime de Vichy et de l’occupant allemand : arrêtée en juillet 1942 dans le Morvan, elle meurt du typhus le 19 août 1942 à Auschwitz.
Ses filles trouvent bien plus tard le courage de faire revivre l’œuvre d’Irène Némirovsky. La transcription du manuscrit de Suite française par Denise Epstein entraîne la redécouverte du reste de son œuvre.
Les nouvelles et romans assez courts d’Irène Némirovsky relèvent d’un réalisme volontiers satirique. Usant du point de vue interne comme de l’ironie, elle fait de la compréhension des êtres sa priorité, autour de trois thèmes récurrents : le conflit mère-fille, la peinture et l’affairisme.
Le recueil Les vierges peint le portrait de femmes terrassées par la fortune qui a cessé de leur obéir. Hommes brutalement dépouillés de leurs atouts. Mères abîmées dans le regret du "temps aboli". Fils et filles hantés par la malédiction de l’hérédité. Rarement l’ironie d’Irène Némirovsky aura fait autant de ravages que dans ce volume plein d’avertissements à distance. Si fragile que soit le sort d’Anne, Marcelle ou Camille, un fil les relie à la vie. L’intention court d’un bout à l’autre de ces douze nouvelles, inédites ou introuvables, qui offrent un inattendu raccourci de son talent dans des domaines tels que le scénario ou l’histoire de fantômes. Interrogeant les caprices du destin à mesure que se joue le sien, l’autrice de Suite française teinte son art d’amertume avant de le retourner contre elle dans Les vierges, dernier texte publié de son vivant : "Je suis seule comme vous à présent, non pas d’une solitude choisie, recherchée, mais de la pire solitude, humiliée, amère, celle de l’abandon, de la trahison…".
L’engrenage fatal du monde de la nuit à Paris dépeint ses mécanismes inexorables, sans jugement pour les pauvres humains dévoyés, les hommes de passage et les femmes engluées. L’écriture est magnifique, subtile, rageuse : elle peint un monde cruel dans lequel le salut ne se trouve que dans les interstices, comme les mauvaises herbes entre les pavés des villes.
Lien : Les vierges d'Irène Némirovsky (epub en téléchargement libre)