Pas besoin de dire adieu aux québécismes

La douzaine de nouvelles composées par Mario-Sarah Bouchard, réunies sous le titre Pas besoin de dire adieu et publiées par les éditions Boréal, fleurent bon les rives du Saint-Laurent : "si le billet d’avion vous a grugé les marges de crédit, vous vous sentirez gourd avec un cellulaire qui vous fera vivre une épiphanie !"
Pas besoin de dictionnaire, les expressions, qui dérident les métropolitains attachés aux académismes, se comprennent dans leur contexte.

Les histoires contées par Mario-Sarah Bouchard font le portrait de personnes en ruptures, que celles-ci soient à venir ou déjà consommées, psychiques ou cruelles, allant de la sombre nécrophilie à l’abandon du look adolescent qui correspond au groupe, mais pas à la jeune Simone. Un héros évite de revoir un amour passé… à qui il a peut-être laissé une charge de famille !
Les séparations brossées par l’autrice sont dues à la vie qui s’écoule, à l’usure des sentiments ou aux clivages qui se glissent entre les êtres : mille raisons de se rapprocher, autant pour s'éloigner. Mario-Sarah Bouchard ne craint pas la touche de cynisme chez la voisine de Madame Georgina ou le burn-out dès le retour d’un an en congé maternité.
La force des récits tient au choix de nommer rarement les individus mis en scène, les pronoms personnels - autant le premier que le troisième - rendent l’aspect universel des personnages centraux. Si nous évitons de nous reconnaître, nous croiserons sans doute nos voisins et y trouverons la "petite tristesse douce" qui nous rend " plaignards".

Pas besoin de dire adieu – Mario-Sarah Bouchard, éditions Boréal
ISBN papier 978-2-7646-2765-5 – numérique 978-2-7646-4765-3