En classe, on a beaucoup appris à faire des analyses littéraires, résumer les sujets, réduire les développements à l’idée mère, exposer des parallèles, signaler les beautés, examiner les caractères, dégager le plan, exposer l’action, apprécier le sujet, etc. Les exemples d’analyses littéraires donnés comme excellents sont exécutés avec des procédés uniformes.
Il est inutile de pratiquer de tels exercices.
C’est perdre son temps que de s’obliger à se torturer l’esprit avec des modèles se réduisant à paraphraser l’auteur, avec deux ou trois clefs et quelques mots de passe : plan, narration, caractère, marche générale, style, figures, etc. On essaie ses clefs une à une, et quand elles vont partout, quand tous les compartiments sont emboîtés, le tour est joué.
Pour qui veut passer de la lecture à l’écriture, l’exercice profitable est pourtant simple.
Il consiste à noter son appréciation personnelle du style de l’auteur qu’on lit et se poser des questions sur les moyens utilisés.
- D’où vient la force de ce que je lis ?
- Par quel procédé d’exécution l’auteur a atteint la concision ?
- Que diraient ces phrases, si elles n’étaient pas concises ?
- Comment et pourquoi y a-t-il la vie dans ce récit ?
- Comment je reconnais les personnages à leurs paroles ?
- Quelle est la couleur de ce récit ?
- Où est le mouvement ?
- Où sont les transitions ?
- Comment sont-elles formulées ?
- Quel passage ai-je dû relire deux fois ?
- De quelle autre manière aurais-je traité le même sujet ?, etc., etc.
Fabriquez votre questionnaire avec les points que vous voulez parfaire dans votre écriture afin de cerner les astuces qui nous font défaut. Ainsi, vous repérerez l’art d’écrire, le métier, le talent qui deviendront les vôtres.
C’est dans ce sens pratique qu’il faut orienter sa lecture. À défaut, vous risquez de vous confiner dans l'examen des alentours du livre, en rôdant autour de l’écorce sans entamer le bois.