Les Diaboliques est un recueil de Jules Barbey d’Aurevilly publié en 1874, réunissant six nouvelles écrites depuis 1850. Croyant à l’ingérence du diable dans toutes les affaires humaines, l’auteur y raconte six cas de perversion morale propres à confirmer sa thèse.
À l’origine, le recueil devait s’intituler Ricochets de conversation. Barbey d’Aurevilly y travaillait déjà en 1850. À la fin de la Commune, il revint en Normandie, continua et acheva son travail en 1873.
Dans Les Diaboliques, les femmes au centre des nouvelles sont énigmatiques, presque irréelles. Le lecteur n’accède jamais à leurs pensées, sauf dans La Vengeance d’une femme, une intéressante exception. Il est condamné à tenter de comprendre les comportements de l’extérieur, avec l’aide du narrateur. La chute est brève et inattendue, comme le veut le genre de la nouvelle ; elle laisse le lecteur dans son incompréhension. Les intentions réelles des Diaboliques ne sont jamais révélées ; chaque nouvelle s’achève sur le même non-dit.
Les thèmes principaux sont l’amour, l’adultère, le meurtre, la vengeance et la rancune. Des thèmes aux relents scandaleux, qui valurent à leur auteur d’être accusé d’immoralisme. Diantre, pour un tel fervent catholique jusqu’au fond de la moelle !
Tiré à 2 200 exemplaires, le livre est épuisé en quatre jours. L’esclandre qui suit la parution incite le Parquet de Paris à saisir les exemplaires immédiatement et poursuivre l’auteur pour "outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs". Gambetta intervient, et le procès n’a pas lieu. Barbey d’Aurevilly accepte de retirer l’ouvrage de la vente et le juge d'instruction conclut au non-lieu. L’honneur est sauf !
L’auteur précise dans sa préface qu’avec ses Diaboliques, il espère susciter l’horreur des comportements mis en scène et faire ainsi œuvre chrétienne. Mais la jouissance de l’écriture dans les descriptions et la narration rendent parfois perplexe. De plus, la grâce est « étrangement absente » du recueil, ce qui tend à lui conférer une dimension satanique. Cette ambivalence fait partie de la complexité de l’ouvrage et participe à en faire une grande œuvre.
Dans la préface initiale, Barbey d’Aurevilly écrit : Voici les six premières ! Si le public y mord, et les trouve à son goût, on publiera prochainement les six autres ; car elles sont douze, – comme une douzaine de pêches, – ces pécheresses !
L’accueil du premier volume a-t-elle refroidi l’ardeur de l’auteur ? Il attend sept ans avant de risquer une nouvelle édition, sans rien y ajouter.
Les éditions La république des lettres viennent de publier l’intégral du recueil en version papier et en numérique.
ISBN de la version papier : 9782824913063
ISBN de la version numérique : 9782824907468