Assailli par des bruits étranges, Damien, jeune père de famille en télétravail, bascule dans la folie… Marion Desseigne Ravel transpose la nouvelle Le Horla de Maupassant de nos jours, scrutant l’enfermement mental induit par les années Covid.
Damien (Bastien Bouillon) et Nadia (Mouna Soualem), la trentaine, quittent Paris avec leur fille Chloé, 8 ans. Graphiste pour une société d’événementiel, Damien a négocié un plein temps en télétravail pour suivre sa compagne qui vient d’accepter un poste au sein de l’Institut de Recherche Rivière. Installé dans un bâtiment moderne sur les rives du Cher, le couple débute une nouvelle vie. Aux premiers jours de leur installation, Damien, concentré face à son ordinateur, est interrompu par des bruits qui semblent voyager à travers les murs. Cette nuisance sonore s’accentue et il n’arrive plus à travailler ni à dormir. Les voisins sont-ils simplement bruyants ? L’appartement est-il hanté ? Autour de Damien, personne ne semble percevoir cette présence inquiétante et Nadia, bien qu’aimante, peine à comprendre l’attitude de son compagnon. Un soir, il découvre que sa voisine du dessus s’adonne à de mystérieux rites…
Avec pour matériau l’une des nouvelles les plus célèbres de Guy de Maupassant, Marion Desseigne Ravel propose une adaptation contemporaine marquée par la crise du Covid du texte de 1887. Quel meilleur terreau narratif que cette sensation envahissante d’isolement, de rapport forcé à soi-même, née des confinements successifs, pour interroger notre époque ?
Cette adaptation navigue dans les eaux troubles de la perte de réalité, laquelle, insidieuse, envahit progressivement l’écran. Car au jeu intelligent, nuancé, de Bastien Bouillon, qui interprète Damien, la réalisatrice adjoint un travail minutieux sur la photographie, irriguée des bleus du fleuve voisin. L’immeuble où le couple vient d’emménager devient un personnage à part entière, inquiétant et hostile, en clin d’œil au cinéma d’horreur.
Le Horla, fidèle à la nouvelle de Maupassant, affirme le genre fantastique à la française qui questionne la folie de l’homme.
Que penser des hallucinations de Damien ? Sont-elles vraies ? Est-il fou ? Marion Desseigne Ravel revisite la notion freudienne d’inquiétante étrangeté à l’aulne de nos récents bouleversements de vie, au gré d’une mise en scène pensée comme un vertigineux puzzle, prêt à se disloquer.
Enfin, pour ceux qui auront manqué la diffusion en direct, le visionnage en différé (replay) reste disponible plusieurs semaines sur la chaîne culturelle franco-allemande.