L’Heptaméron est un recueil inachevé de nouvelles écrites par Marguerite de Navarre (1492-1549), sœur de François Ier et mère de Henri IV.
L'ouvrage tire son titre du fait que le récit se déroule sur sept journées, la huitième étant incomplète. L'œuvre, connue par 19 manuscrits dont 9 complets, est publiée pour la première fois en 1558 par Pierre Boaistuau sous le titre Histoire des Amants fortunés.
Œuvre de jeunesse commencée en 1516 ou œuvre tardive qui serait postérieure à 1545 ? Les réponses divergent.
C'est au courant de l'année 1545 que naît à la cour de France l'idée d'un nouveau passe-temps : se raconter des histoires. La lecture des Cent nouvelles de Boccace enthousiasma la famille royale. Un voyage à Cauterets à l'automne 1546 aurait donné à Marguerite l'idée du cadre, avec la crue du Gave.
Le principe global du recueil est de relater des événements récents, survenus réellement - depuis quand les auteurs s’inspirent de faits divers !
L’œuvre complexe pourrait résulter d’une lente élaboration avec de multiples reprises de l’autrice au cours de toute sa vie, telle semble être l’évolution des nouvelles incluses. Dès lors, la datation de l’Heptaméron devient difficile à établir.
L’absence de manuscrit autographe et d’édition publiée du vivant de l’autrice rend périlleux l’établissement précis d’un texte.
Doit-on parler d’un Heptaméron des nouvelles ? Les deux premières éditions de Pierre Boaistuau (1558) et Claude Gruget (1559) sont peu fiables : ajouts, réorganisation, censure de propos jugés trop hardis. Les éditeurs modernes insistent sur la fluidité de l'œuvre et font des choix de textes de référence différents pour établir leur propre édition.
Un autre débat épineux est celui de l’apparition de l’œuvre.
En 1559, Jeanne d’Albret, fille de Marguerite constate le succès de l’œuvre de sa mère sans signature et sous le titre harlequinesque de Histoire des Amants fortunés. Dans la préface dédiée à Marguerite de Bourbon, Boaistuau écrit qu’il avait corrigé le manuscrit !
Jeanne furieuse embauche Claude Gruget pour une édition "authentique", édition elle-même contestable.
Les brouilles entre les branches des familles royales et la réception de l’œuvre compliquent ainsi une histoire déjà difficile à saisir. Les scénaristes de Dallas n’ont pas inventé grand-chose !
Il reste l’œuvre elle-même. Quelle qu’en soit la date, quelle qu’en soit l’évolution, elle apparaît comme le plus ancien recueil de nouvelles en France.
Lien : Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. (version manuscrite)