En 1908, Giraudoux a vingt-six ans. L’étudiant en littérature enseigne le français, donne des conférences, visite les États-Unis et le Canada. À son retour, il prépare le concours des Affaires étrangères et entre à la rédaction du Matin où il publie des nouvelles. Ces textes, réunis après le décès de l’auteur dans le recueil Contes d’un matin, sont restés dans l’ombre de ses monuments théâtraux comme La guerre de Troie n’aura pas lieu ou La Folle de Chaillot ; même si les personnages de la vie parisienne évoquent, avec trente-cinq ans d’avance, ceux de cette dernière œuvre.
Les nouvelles du début de la carrière littéraire de Jean Giraudoux sont écrites dans une veine plus réaliste que poétique, contrairement à ses œuvres dramatiques de la maturité. Sauf le récit L’ombre sur les joues, qui a une tonalité tragique, ce sont des œuvres légères, fantaisistes, humoristiques, voire satiriques.
Joyeux et mystificateur, Giraudoux donne la parole à un accusé qui la prend avec hésitation : c’est la première fois que j’ai l’honneur de parler en public ; je demande donc, si je ne trouve pas mes mots, la permission de m’interrompre. Sur les traces d’Homère, il présente un Ulysse plus plaisant quand il se retrouve entre les mains de Cyclope : Attention, ayons l’œil et le bon. Il met en scène Sherlock Holmes, qui déduit à son introspection maladive – on aurait entendu voler les mouches, mais les sales bêtes, intimidées, s’en gardaient bien – jusqu’à la chute, livrée avec virtuosité.
À l’approche de l’été, les lectures deviennent plus distrayantes et nombre de lecteurs aspirent à des détentes légères pour chasser l’actualité pesante. Les douze nouvelles de jeunesse, Contes d’un matin de Jean Giraudoux, remplissent ces objectifs ; parues en 1908 et 1909 dans des journaux Le Matin ou Paris-Journal, certaines sont signées du pseudonyme de Jean Cordelier, mais l'auteur reste le même.
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Version papier aux éditions Gallimard : ISBN : 2070754871