Émile Zola et le pentagone de la mort

Le 12/08/2024 0

L’auteur des Rougon-Macquart a aussi écrit des nouvelles, notamment Le Capitaine Burle qui a donné son nom à un recueil.

Émile Zola a vécu des moments de pauvreté ; quand sa plume fut reconnue, il ne l’oublia pas et produisit de nombreux textes, avec la crainte de lendemains qui déchantent. Ainsi, il accepta l’offre de la revue russe Le messager de l’Europe et livra des textes formatés à 24 pages. Six de ces textes sont regroupés dans le recueil qui porte le nom de la nouvelle introductive : le Capitaine Burle.
Comparer Zola à Maupassant ne serait pas à l’avantage du premier. La première nouvelle tend à ternir le prestige de l’uniforme, sans convaincre de l’opposé : le capitaine détourne de l’argent du régiment, sa mère s’en offusque et son supérieur démissionne pour le confondre en duel ! Les 24 pages passent sans entrain et la chute ne manque pas d’étonner, le fils du capitaine meurt de peur, car la grand-mère lui fait une lecture d’un combat qu’elle voulait exemplaire.
D’autres nouvelles présentent le défaut d’être poussives, comme si l’auteur avait répondu à la commande, sans véritable inspiration originale. Pour une nuit d’amour ressemble aux séries actuelles avec des longueurs de scénario. La fête de Coqueville s’approche d’une pochade peu crédible. L’inondation rappelle que les faits divers offrent depuis longtemps des histoires à sensation, mais le lecteur peine à trouver la relation crédible. Quant Aux champs, c’est en fait la réunion de trois textes sur Paris et son extension dans des campagnes, où les habitants du XIXe siècle allaient en congé ; Zola y mêle des souvenirs, des descriptions et une analyse sociologique de son temps.

Dans ces conditions, pourquoi s’arrêter à un recueil si peu enthousiasmant ?
Pour la dernière partie, qui occupe en réalité la deuxième place : Comment on meurt.
Le titre pose le propos qui comprend cinq récits, sans appellation particulière, consacrés au trépas : les derniers jours, la cérémonie funèbre et la sépulture d’un comte, d’une veuve près de ses sous, de petits commerçants trop affairés dans l’espoir d’une retraite lointaine, d’un gamin miséreux dont les parents se privent et d’un vieux paysan pour qui le soin de la terre passe avant le sien.
Au-delà des cinq personnages, la lecture des cinq décès est un exemple de rédaction. La longueur et le rythme des phrases, enlevées, retenues ou martelées, pesantes, le vocabulaire choisi, les images significatives du milieu, le ton et le comportement des personnages entourant le mort : tout est une leçon de description, de construction et d’écriture.

Ces pages justifient à elles seules la consultation du recueil ; leur analyse mérite de s’y attarder et y revenir pour en cerner les détails.

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