L’intrigue est une série d’actions, de péripéties qui donnent au récit sa cohérence d’ensemble. L’intrigue vise à créer des émotions chez le lecteur : de l’attente, de l’impatience, de l’inquiétude, de la compassion…
Plus votre histoire présentera d’intrigues (en général, une nouvelle n’en contient qu’une seule) et plus vous courrez le risque de vous éparpiller.
Comme pour tout itinéraire, qu’il soit physique ou intellectuel, il paraît plus simple de le tracer quand on sait sp, point final : autrement dit, quand on connaît l’issue de l’histoire, comment va se terminer l’intrigue. Cette méthode présente deux avantages : vous déterminez quand vous arrêter – au lieu de toujours chercher plus et mieux – vous visualiserez les étapes – commode pour définir où fournir tel indice, abréger telle rencontre ou préciser tel détail.
Partant de la fin, vous répartissez les péripéties, les rebondissements et les éventuelles fausses pistes. Sans oublier que dans une nouvelle, la plupart de ces éléments se conjuguent au singulier !
Pour conter l’histoire du Petit Poucet, je fixe des idées : les parents pauvres ; ils veulent se débarrasser de leurs garçons ; les frères reviennent au logis ; second tour dans la forêt ; la maison isolée ; l’ogre vorace ; ils se sauvent. Au final : ils rentrent au domicile avec de quoi satisfaire les besoins de la famille.
Avec la conclusion et quelques repères intermédiaires, je place la perte dans la forêt > l’accueil par la femme de l’ogre > la menace d’être dévorés > l’échappée du Poucet et ses frangins.
Ah, et si l’ogre avait des filles ? Je les glisse après l’accueil dans la maison.
Et si je les faisais manger par leur père ? Je le mets avant l’échappée !
Et si l’ogre était myope et un tantinet insensé ? Hop, je le mets entre deux.
A contrario, si je suis mon intuition : les garçons se perdent en forêt, ils mangent des plantes mortelles, croisent des animaux sauvages, entendent l’ogre qui déambule… et après ? Mon histoire change de sens (que ce soit l’objectif ou la signification).
Comme indiqué avec le point précédent, vous avez toute l’attitude pour insérer des actions au milieu : la présentation des filles de l’ogre survient-elle quand les garçons arrivent dans la maison ou après qu’ils se couchent ? Peut-être guident-elles les frères perdus vers leur maison. Avoir un but laisse le choix du chemin et des étapes !
Introduire des péripéties dans l’intrigue répondra à une raison précise : elles sont indispensables. Si c’est juste pour atteindre le nombre minimal de caractères, passez votre chemin et composez une micro-nouvelle !
Pensez avant tout au sens, à l’objectif, au bon développement de l’histoire : rien n’est laissé au hasard (comme les plantes mortelles ou les animaux sauvages du Petit Poucet), tout sert à quelque chose de précis.
En guise d’évaluation, posez-vous les questions suivantes avant chaque ajout :
— en quoi aide-t-il à avancer ou comprendre la situation finale ?
— que révèle-t-il du personnage mis en scène ?
— quelle relation a-t-il avec l’objectif général de l’histoire ?
Ainsi, les chaussures de l’ogre facilitent le retour rapide des garçons ; manger ses filles illustre sa bêtise et la déambulation dans la forêt montre le cheminement des héros..
Fixer la fin avant de déterminer par où passer est une méthode pratique. Elle constitue un excellent soutien pour éviter les digressions qui perdent l’auteur, qui ne sait plus quoi rajouter, et les lecteurs, qui se perdent en route.