À travers neuf récits, réunis sous l’intitulé de la première nouvelle Café de la jeunesse, Didier Goupil réveille neuf vies et plonge le lecteur à un moment crucial, voire cruel de leurs existences. Celui-ci navigue entre ses trous de mémoire et recompose une enfance éloignée ; celle-là "ignorait ce qu’elle allait faire", car "le lycée ne voulait pas (d’elle) à la prochaine rentrée". Tantôt le narrateur compare une actualité entendue à la radio à la vie de sa propre enfant ; tantôt il laisse la parole au garçon qui écrit à la première personne "sur un grand cahier tout ce qui me passe par la tête".
Les personnages imaginés, peut-être observés par Didier Goupil offrent une palette de profils, ce qui est l’apanage d’un recueil où le lecteur croise tour à tour une victime et un veinard, entend un langage soigné ou comprend la désolation du garçon dont la mère "a rien répondu, seulement baissé les yeux sur ses aiguilles et continué à tricoter."
Le recueil de neuf nouvelles offre le moyen de partager neuf vies, comme l’existence réelle où l'on rencontre bien plus d’inconnus chaque jour.
Cerise sur le gâteau, peut-être parce qu’il est l’aîné de la bande et le seul à s’interroger sur le présent, le vieux chanteur "a l’impression qu’il débute, qu’il n’a jamais fait ça, qu’il n’est jamais monté sur scène" ; quelques phrases réveillent un poème de Louis Aragon, le profil de Barbara ou des épisodes de Serge Lama. La mélodie de Léo Ferré trotte dans la tête, le lecteur se sent comme le héros qui "comme tous les soirs à cette heure-là, le vieux chanteur a peur. C’est ainsi il ne peut rien contre"… une simple nouvelle et on embarque vers vingt horizons.
Didier Goupil a une douzaine de titres publiés à son actif, Zinédi a déjà édité Brûler le Louvre du même auteur.
ISBN papier : 978-2-84859-253-4 et numérique : 978-2-84859-254-1
lien : https://www.zinedi.com