Du bout des yeux
Josette Masson.
La feuille du platane est tombée. Celle du marronnier, du châtaignier, du figuier. Verte, jaune, rouge, brune. À l’école, avant de la peindre, tu dessines au crayon le tour de chaque foliole. Ta main repose délicatement dessus, la mine suit lentement son contour, doucement sans blesser le bord du limbe, sans lever les yeux, sans s’arrêter, le bout de la langue tiré de préférence. Le silence est de mise. Tu respires à peine.
Avec ta main, c’est pareil. La pointe glisse autour du pouce, pouce, je me rends, puis le creux, tendre, entre le pouce et l’index, je montre le chemin, effleure le tour de l’index, le tour de l’île, le creux, doux, le long du majeur, le plus grand, le creux entre le majeur et l’annulaire, je porte l’anneau, entre l’annulaire et l’auriculaire, mon petit doigt qui dit tout à l’oto-rhino-laryngologiste.
Qu’elle est douce la caresse de ta peau, frôlée du bout du bois du crayon, du bout des poils du pinceau. Hypnose.